L’enjeu des protections hygiéniques écologiques
C’est un geste que de nombreuses personnes menstruées connaissent tous les mois : acheter des serviettes ou des tampons, les porter, et les jeter à la poubelle.
Pourtant, nous sommes loin de nous imaginer l’impact environnemental de tels gestes routiniers. C’est pour cela qu’il est grand temps de parler des alternatives proposées par les protections hygiéniques écologiques !
En plus du tabou sur les menstruations, nous subissons depuis nos premières règles les composants chimiques et toxiques de ces produits. Tant à la confection qu’à la production, les produits hygiéniques de tous les jours sont largement polluants. Pesticides, parfums, détergents, voilà parmi tant d’autres une liste de ce qu’on nous impose dans nos protections périodiques, sans pour autant le mentionner sur le packaging.
Il est nécessaire de mentionner aussi que celles-ci ne sont pas recyclables ni biodégradables. Pourtant, il existe sur le marché des produits nous permettant de changer nos habitudes.
Voici pour vous une présentation de ces derniers, ainsi qu’un avis tenant compte de la praticité et du coût de chaque article.
I. La cup menstruelle (moon cup)
La cup (ou coupe) ressemble très largement à ce qu’on connait du tampon : elle retient le flux et évite les débordements. Ainsi, elle peut être utilisée pour n’importe quelle activité physique. J’en ai fait le test sur environ trois cycles, tombant à la fois sur des périodes d’inactivité où j’ai pu rester chez moi, mais aussi sur des périodes de cours où j’ai dû me déplacer.
Premièrement, si vous n’êtes pas habitué.e.s des tampons, celle-ci sera difficile à insérer et nécessitera un peu d’entrainement. Si, de fait, la cup est mal positionnée, l’effet ventouse attendu ne sera pas effectif et le sang s’écoulera hors de la cup.
De plus, pour les personnes porteuses de stérilets (DIU), enlever la cup est quelque peu risqué : l’effet ventouse peut parfois déplacer le stérilet positionné dans l’utérus et la contraception perd alors son efficacité. Il est conseillé d’en parler à votre médecin ou gynécologue avant d’opter pour la cup.
Rappelons aussi que la cup est constituée de plastique, ce qui n’est évidemment pas recyclable ! L’impact sur l’environnement est moindre, puisqu’il est recommandé d’en changer environ tous les 5 ans, mais il reste présent, car un si petit objet se révèle difficile à recycler.
Enfin, pour ce qui est de la praticité et du coût, la cup n’emporte pas la première place. Elle coûte environ 17€ (sans stérilisateur de poche, lui-même aux alentours de 8€).
Avant chaque insertion, il convient de stériliser la cup. Au bout d’approximativement huit heures, selon votre flux, il faudra la vider, la rincer à l’eau claire, et la réinsérer.
Cependant, comment stériliser à nouveau la cup lorsque l’on se trouve dans des toilettes publiques ? Voilà tout le problème, auquel je n’ai pas trouvé de solution.
La cup arrive donc en dernière position des protections hygiéniques écologiques.
II. Les serviettes en tissu lavables
Le seul point négatif de ces serviettes reste la praticité. Pour passer une journée à l’extérieur, il faut en avoir plusieurs dans son sac, avoir un endroit où mettre celles déjà utilisées et une fois à la maison il faut les laver. Ceci peut provoquer une augmentation de la consommation d’eau.
Néanmoins, elles sont dotées de la même capacité d’absorption qu’une serviette normale, les tailles variant en fonction des flux et les motifs recouvrant la partie absorbante sont disponibles en nombre incalculable. Si vous avez un don pour la couture, vous pouvez même en confectionner à la maison !
Le prix semble varier aussi, vous pouvez acheter des lots qui oscillent entre 15 et 30 €. Il s’agit d’un bon investissement à mon sens : les serviettes vont durer assez longtemps pour ne pas les jeter tous les ans (il faut tout de même faire attention au lavage à ne pas abimer la partie absorbante). Si elles deviennent en trop mauvais état pour continuer à les utiliser, elles sont recyclables, voire réutilisables si on change leur fonction (chiffon, rustine…).
Les serviettes en tissu lavables arrivent donc à la 2e position du classement des protections hygiéniques écologiques !
III. La culotte menstruelle
Voilà un outil bien pratique pour éviter les déboires. La culotte menstruelle, tout comme les serviettes, est lavable en machine ou à la main. Elle est dotée, selon les flux, d’une couche absorbante plus ou moins large et épaisse (sans pour autant avoir l’esthétique d’une couche). Elle imite souvent les designs connus des culottes normales et rajoute à cela la praticité d’une protection périodique.
Son prix oscille entre 15€ et 30€ l’une, mais lorsqu’on sait que pour une journée et une nuit, il en faut seulement trois, l’investissement est moindre.
Pour les plus gros flux, une seule culotte peut absorber continuellement jusqu’à 12 heures. Le seul bémol provient du fait qu’il faut changer la culotte dans un lieu public si l’on dépasse le point de non-retour quant à l’absorbance, et donc prévoir un petit sac pour ranger la culotte utilisée.
En l’essayant, j’avais très peur de tâcher mes draps la nuit ou mes vêtements la journée, mais rien de tout cela n’est arrivé : l’absorption est sans faille, même sans les ailettes classiquement présentes sur les serviettes de nuit. Pour la laver, il suffit de la rincer à l’eau claire froide, et de la laver en machine.
Tout comme les serviettes lavables, attention à la consommation d’eau en machine, on privilégiera un cycle court pour limiter les factures.
Pour les plus courageux·ses d’entre nous, il est aussi possible de trouver des patrons sur internet et de coudre sa propre culotte menstruelle à partir d’une culotte que vous possédez déjà, ou même de la confectionner de A à Z.
À mon sens, la culotte menstruelle arrive en pole position des protections hygiéniques écologiques : elle allie le confort, la sécurité, l’écologie, et même l’esthétique !
Pour conclure, il est évident de rappeler que chaque personne menstruée peut trouver sur le marché la protection adaptée à ses besoins. Ce classement est seulement est destiné à l’information du plus grand nombre. Mon seul conseil serait d’essayer chaque protection, de trouver celle qui vous convient, et d’en profiter.
Faites attention tout de même à ne pas excéder la durée de port de chaque protection pour éviter le fameux syndrome du choc toxique. Vous pouvez discuter des précautions à prendre avec votre médecin ou gynécologue qui saura mieux vous guider.
Et vous, quel type de protection utilisez-vous ? Avez-vous déjà testé l’une de ces protections hygiéniques écologiques ? N’hésitez pas à nous en faire part en commentaires !
Manon Palmer – bénévole de New Hera🍃