Depuis plusieurs années déjà, le chanvre a le vent en poupe.
Sa culture peut contribuer à réduire l’empreinte et améliorer la qualité des sols. Néanmoins, sa réputation sulfureuse la suit. Enquête sur le chanvre, en se basant sur l’article posté dans le magazine Alternatives Économiques.
Présentation de cette plante magique
Jadis cultivée pour ses fibres, le chanvre est tombé en désuétude, avant de reprendre de la popularité récemment. On l’utilisait avant pour s’habiller, mais également pour d’autres usages, comme le cordage de voile, la fabrication de papier, ou encore les bâtiments. D’ailleurs, un centre d’essai d’Eure-et-Loire a montré, grâce à ses quelque 125 capteurs, les propriétés étonnantes du mélange de fibres de cannabis, de chaux et de ciment. Celui-ci résiste aux flammes et était tout à fait réglementaire par rapport aux normes de l’État.
L’arrivée du coton mis à mal l’utilisation chanvre, qui devint moins populaire. La législation a d’ailleurs mené à son interdiction. En France, la surface cultivée est passée de 170 000 à 700 hectares entre 1900 et 1960.
C’est dans les années 70 que la coopérative La Chanvrière de l’Aube a fait émerger de nouveau la culture de chanvre en France, en l’utilisant pour les papiers à cigarettes et les billets de banque, grâce à sa grande résistance.
En 1990, des agronomes ont découvert que cette plante était tout à fait intéressante, notamment parce qu’elle peut pousser jusqu’à 3 m de haut en quelques mois, sans engrais, et avec un besoin restreint d’eau. Le chanvre pousse si vite qu’il étouffe les mauvaises herbes tout seul, rompt les cycles des maladies et, en un mot : “pousse tout seul”. Cerise sur le gâteau, elle peut capter 15 tonnes de CO2 par an et par hectare !
En 30 ans, la France est devenue le 1er pays européen de cultivateur de chanvre, avec 17 900 hectares cultivés en 2019 par 1 4000 agriculteurs. À la fin du cycle, le chanvre est transformé en biomatériaux pour le bâtiment, l’industrie, l’alimentaire, le textile et permet une réhabilitation des producteurs en circuit court à l’échelle locale.
La Chine reste quant à elle le pays où on en cultive le plus, pour le textile, mais aussi pour la construction et l’alimentaire.
Pour ses défenseurs, la dépénalisation permettrait une plus grande valorisation du chanvre dans ses utilisations et pourrait constituer une économie via des taxes pour l’État. Malgré tout, la conquête de nouveaux marchés reste un enjeu difficile.
L’enjeu de développement de la filière
Une autre débouchée possible se joue dans le bâtiment, où la neutralité carbone est attendue d’ici à 2050 pour les bâtiments de plus de 1000 m². Le chanvre, à l’inverse du béton, a des qualités durables et non polluantes.
La filière qui peine le plus à se relancer reste la filière textile, puisqu’il faut une mécanisation spécifique pour avoir des fibres longues pour pouvoir être tissé finement. Quand on sait que 11 000 litres sont nécessaires pour fabriquer un seul jean, le chanvre et sa consommation limitée d’eau pourraient révolutionner le marché.
Cependant, comme évoqué précédemment, seule la Chine est apte à fournir des quantités industrielles de chanvre textile.
En France, on mise tout sur une solution à base de fibres courtes qui se mélange au coton ; on en retrouve dans les chaussettes décathlon ou encore les housses de coussin Ikea.
Un premier pas vers une révolution ? C’est en tout cas ce que dit Jean-Charles Tchakirian, le fondateur du Gaulois, qui a fabriqué en partenariat avec le tisseur Emmanuel Lang le premier prototype de jean en chanvre cultivé en France.
La place de la législation
Le chanvre, un nouvel eldorado ? La nouvelle vague d’entrepreneurs qui s’intéressent à cette matière s’intéressent aussi au CBD, la molécule non psychotrope aux propriétés relaxantes qu’on retrouve beaucoup dernièrement en cosmétologie. Néanmoins, ils se heurtent à un frein de taille : la France interdit d’exploiter la fleur, dont est extraite le CBD.
Alors que la France est première dans la culture, les entreprises doivent s’approvisionner à l’étranger si elles veulent utiliser la molécule saine et relaxante que représente le CBD. Cependant, une décision récente de la cour de justice de l’UE statuant sur l’autorisation de la commercialisation du CBD en France est un premier pas vers de grands projets, pour un CBD made in France.
Pour certains, la dépénalisation du THC, la substance psychoactive du cannabis, jusque-là interdite et condamnée, permettrait également une plus grande utilisation du chanvre, qui ne se limiterait pas à son utilisation récréative. D’autres pensent que dépénaliser le THC n’aurait pas d’impact sur le reste de l’industrie et pensent même à une escalade vers des drogues plus dures.
- Stupéfiant ! Le chanvre va-t-il sauver le monde ? – Franck Gigon
- Le chanvre (cannabis). Du rêve aux mille utilités ! – Alexis Chanebau
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Manon Bolina, présidente et fondatrice New Hera 🌿